mercredi 30 mai 2012

Tout à découvrir et a fer

Et je réplique aussitôt pour ne pas qu'elle se croit encore au dessus de tout.




.....Eh toi la bimbêche, ne fais pas semblant d'avoir toutes les réponses à ce que tu ne connais pas. Pourquoi c'est pas ma Lulu qui est venue avec nous autres? Elle a beaucoup plus de classe et elle, elle est très réaliste, face au danger comme celui que l'on rencontre aujourd`hui. Elle est loin de ressembler à une tête de linotte comme toi Gripette.



.....Figures-toi mon cousin dit-elle. J'ai tout vu ou je dirais plutôt; je n'ai rien vu de bien bien courageux, ni de bien déterminé de ta part. Tu n'as pensé qu'à sauver ta peau et rien d'autre mon vieux. C'est à peine si tu as jeté un coup d'oeil à ce pauvre Allan qui lui, prend tous les risques pour sauver son père.



.....Tu te crois bien plus fine que moi hein? la Gripette! Tu es là, à m'accuser de tous les maux et, je n'arrive plus à réfléchir à ce que je peux faire pour porter secours aux deux hommes. Ferme un peu ta gueule, et laisses-moi y voir plus clair: penser intelligemment. Si tu avais deux sous de mon sang-froid, c'est comme ça que tu réagirais, plutôt que de m'accuser de peureux.



Gripette est pîquée au vif et fait la moue. Enfin c'est ce que j'en déduis en la voyant me tourner le dos. Mais, oh surprise! Gripette se lançe à l'eau sans crier gare, elle est tellement déterminée à sauver les deux hommes et à me clouer le bec à ce grand flanc-mou d'Appolon ( Comme elle me répète souvent), qu'elle en perd toutes notions de prudence. Allan lui, ne quittes pas des yeux son père qui se bat pour rester à flot, il se bat,avec acharnement, contre le torrent déchaîné qui risque de l'emporter à tout moment. Tant et aussi longtemps qu'il le voit, Allan garde espoir de le rattraper et de lui sauvé la vie. Mais soudain, plus de Zack, plus de tête qui émerge de l'eau. Il aperçoit sur l'autre rive, deux de ses hommes qui courent et gesticulent, sans les entendre pour autant. Ça le rassure de savoir, qu'eux aussi, ont été témoins de la chute de Zack et, qu'il n'est plus seul à voler au secours de son père. Les hommes, ne peuvent que courir sur un sol imbibé par la crue des eaux. C'est tellement encombré de broussailles et de roches, qu'il est impossible qu'un cheval y mette les sabots.



.....Je vais leur montrer moi, c'est quoi une fille courageuse,me dit, la Gripette.



Elle savait que je la suivais du regard et, elle a voulu m' en metre plein les yeux. Mais, mal lui en prit, elle a dû s'avouer vaincue par la force du courant et, obligée de revenir sur la berge: si elle ne voulait pas y laisser sa peau.



.....Force est d'admettre que l'ambition n'est pas donné à tout le monde hein la cousine? Tu n'as pas les moyens de tes ambitions ma vieille, ou serait-ce ton orgueil qui a prit le dessus sur toi; la jument-forte qui se croit au-dessus de tout.



.....J'ai au moins le mérite d'avoir essayer! qu'elle me répond aussitôt.



.....Tu serais bien avançée si tu t'étais noyée: remarque que je n'aurais pas verser beaucoup de larmes. J'aurais peut-être fais semblant d'avoir de la peine (pour la galerie) mais, comme on dit: des larmes de crocodile, et je ne m'en serais pas caché tu peux être sûre.



.....Cause toujours petit vaniteux, un jour, si je pars avant toi, souviens-toi de ce que tu dis aujourd`hui.

15*

Pendant qu'on se crêpait la crinière, Allan, avait aperçu les hommes sur la rive qu'une seule fois, mais, il sait qu'ils sont toujours là pour leur apporter leur aide, à lui et son père. Des minutes qui lui paraîssent une éternité, sans qu'il revoit son père Zack. La panique s'empare de lui, il a peine à respirer tant il boit la tasse. Il est au bord de la noyade, quand son regard se pose sur la rive, et qu'il aperçoit son père. Celui-ci est adossé à un énorme rocher, il s'est agrippé à un tronc d'arbre échoué qui lui sert de bouée. Il ne bouge cependant pas, pas un seul mouvement de sa part. La vue de son père, peut-être mort, lui redonne du courage. Il redouble d'efforts, rassemble ses dernières forçes, pour lutter contre ce courant qui ne semble pas vouloir ralentir de si peu. Allan lutte avec acharnement afin de rejoindre son père mais peine perdue, il n'y arrive pas et il le dépasse même. Il mettra pieds-à-terre beaucoup plus bas dans la rivière. Pas le temps de reprendre son souffle, il court, trébuche, se relève, court encore et encore, sans jamais s'arrêter. Il semble qu'il n'avance pas, tellement c'est difficile. Quand il aperçoit enfin, deux de ses hommes, qui sont à l'eau près de l'endroit où il a dépassé son père Zack, il sait qu'ils l'on retrouvé . Ils luttent contre le courant qui menaçe de les emporter tous les trois; un faux mouvement, et c'est assurément la noyade qui les attend. Deux autres hommes, venus aussi à la rescousse de leurs compagnons, on toutes les misères du monde, à persuader Allan, de réfléchir à ce qui doit être fait, sans conséquences fâcheuses pour ces hommes en position très très précaire.



.....Comment va mon père? Comment va-t-il? Est-il vivant? Répondez -moi bon sens. Dites-moi qu'il est vivant! Il crie de toutes ses forçes, aux deux gaillards adossés au rocher et, qui s'efforçent de maintenir la tête de Zack hors de l'eau.



.....Ça va Monsieur Allan, mais faites vite, on ne tiendra pas longtemps. On est à bout de force.



Heureusement que les derniers hommes arrivés, ont chacun un lasso attâché à leur ceinture. Le plus vieux du groupe, se propose pour diriger l'opération de sauvetage avec le moins de risques possibles, pour tout le monde.



.....J'ai besoin d'un volontaire qui se lançera à l'eau pour rejoindre ces trois-là crie Bill.



Un brave s'avance et se propose.



.....Je suis le plus costaud, et j'y arriverai mieux que quiconque Monsieur Bill.



....Bien Flip, attâche un lasso autour de ta poitrine et on te retiendra d'ici. Tu mettra celui-là autour de Zack; attâche-le bien et assure-toi que le noeud est bien fait et bien solide. Il ne faut pas compter sur une deuxième chance mon gars, on sortira les autres après. Tu es près ?



.....Oui oui j'y vais.



Flipp rejoint le trio non sans difficultés, et ramene Zack sur la rive où l'attend Allan, qui était dans tous ses états. Fatigué, épuisé, par tout ce stress mais, tellement heureux que son père soit toujours vivant.



.....Ne t'inquiètes pas, tout ira bien maintenant. Dis-moi si tu as mal père? Attend un peu, je vais te couvrir pour te réchauffer.



Allan installe une grosse couverture sur Zack et, lui enleve ses bottes ou plutôt, la botte qui lui restait.



.....Merci mon garçon, mais, je ne sens plus mes jambes: des pieds jusqu'à la ceinture. Je ne sens plus rien du tout Allan.



.....Ne parle pas père, garde tes forçes et tu verras, ça ira mieux quand tu te seras

réchauffé.



Bill, se tourna vers celui qui lui paraissait, le plus apte à faire le trajet jusqu'au ranch, en le moins de temps possible. Toi mon garçon, dit-il, prends le cheval le plus rapide, fonçe au ranch, et ramène le docteur en hélico. Madame Shon saura trouver un pilote.



.....Oui Pa.

16*

Le cheval le plus rapide, ne faisait aucun doute dans la tête de Bill et son garçon Billy.



.....Je saute sur Appolon Pa, on est déjà partis, et on fait aussi vite que possible.



J'ai pris mes pattes à mon cou et jamais, je n'ai couru aussi vite de ma vie. Après des heures de ce régime, je sentais mes forçes me lâcher, mais, rien qu'à penser à MM Allan et Zack, une poussée d'adrénaline me secouait l'échine et, je courais de plus belle. Le dernier droit pour arriver enfin au ranch est très, très difficile. J'ai peine à reprendre mon souffle, je renâcles sans arrêt pour libérer mes narines du sang qui s'écoule. Plus je cours, plus je saigne, mais, pas question de m'arrêter: j'y laisserai ma peau s'il le faut. Au bout de mes forçes, mais enfin arrivé, (Billy est déjà entré dans la maison avec Mme Shon) je me dirige vers mon enclos pour rejoindre Lulu. Celle-ci m'acceuille en me bombardant de questions.



....Bons sens Appolon, qu'est-ce qui se passe avec toi? Tu saignes comme un boeuf. Un rassemblement de chevaux, c'est quand-même pas une corrida! Tu trembles comme une feuille et.. Je lui coupe la parole en lui disant:



.....Ah! laisses-moi reprendre mon souffle tu veux, je te raconterai plus tard.



Je sens que mes pattes me lâchent et je préfère m'allonger avant de tomber.



.....Appolon, Appolon parles-moi, dis-moi ce qui se passe avec toi. Je t'en prie Appolon, réponds-moi.



Je cherche, par de gros efforts, à reprendre mon respire mais, à chaque expiration, le sang gîcle partout, impossible de dire un mot de plus. Je ferme les yeux, j'entends tout ce qui se passe autour de moi. Billy qui raconte à Madame Shon, le drame qui se joue à la rivière. Je l'entend lui dire aussi, ce que son mari veut qu'elle fasse. Elle a très vite rejoint le docteur et trouvé un pilote. J'entend alors l'hélico qui s'envole, et, je suis rassuré de les voir partir. Je peux enfin, vraiment relaxer. Billy est rentré se rafraîchir un peu et pour se débarrasser de toute cette poussière, qui colle à ses vêtements. Madame Shon revient à l'enclos et avec le boyau d'arrosage, me rafraîchit et nettoie mes narine du sang qui a maintenant coagulé. Elle me masse ensuite partout partout. Si vous saviez le bien que cela me fait! J'en redemanderais jusqu'à demain, si c'était raisonnable: vu les circonstances. Je me laisse faire sans broncher d'un poil, et je dois dire, que rien que pour ça, ma course folle en valait la peine. Lulu, semble un peu jalouse de toute l'attention que je reçois de Madame Shon.



....Eh! le grand malade! qu'elle me dit: Je crois que tu fais trop durer le plaisir à mon goût.



.....Le grand malade le grand malade, je ne suis pas malade idiote; je suis épuisé

et si tu ne peux comprendre cela, vaut mieux te taire. La voix de Shon met fin à notre dispute.



....Billy.......Billy......Amenez-vous, j'ai besoin de vous.



Celui-ci arrive en courant, la chemise hors de son pantalon et, il se bat avec sa ceinture, déjà bien attachée, pour ne pas perdre ses culottes: surtout pas devant Madame Shon. Ses cheveux en brouissailles, lui donnent l'air d'un gros chat mouillé.



.....Pardonnez mon allure Madame, je sors de la douche à l'instant, je n'ai pas eu grand temps pour faire un minimum de toilette, mais, me voilà. Dites, qu'est-ce qui se passe?



C'est appolon qui m'inquiète Billy!





© yolande rocheleau 2009.